lundi 6 juillet 2015

Hors série : retrospéctive

                                                                    Hors série

 Il y a un an exactement , je foulais le sol japonais pour la première fois ! Je partais si loin, en totale autonomie bien qu'accompagnée de mes amies Coralie et Marine. Ce fut le plus beau voyage de toute ma vie, et encore maintenant j'en garde un souvenir inaltérable .

Aujourd'hui je vis dans cette même ville qui m'émerveilla, mais peu à peu le rêve laissa place au quotidien...J'ai découvert la vrai facette de la société japonaise, d'un coté elle fascine de l'autre elle déprime. Vous savez pourquoi ? Parce que les japonais sont très avare de chaleur humaine.

Tant que vous êtes touristes ils sont extraordinairement serviables, joviaux et amicaux.
Mais ce masque finit par tomber, puis vous rentrez dans le moule et vous devenez personne dans la ville la plus peuplée du monde. Tokyo c'est beaucoup de solitude pour un expatrié. (A moins de fréquenter des milieux ultra branchés mais là encore la profondeurs des amitiés est discutable )
    Les rapports humains sont froids, codés, sans spontanéité... Sans compter que l'avenir des relations est incertain et ce même dans l'intimité...Alors on cherche du réconfort et des repères auprès des autres gaijin (= étrangers) et on finit par ne fréquenter plus qu'eux, parce qu'ils sont disponibles, ouverts et ils sont bien souvent dans la même situation que nous.

 Mais la société japonaise fascine aussi, héritière de traditions ancestrales elle impose le respect.
La rigueur, le perfectionnisme qui font que la vie y est agréable. Il y a un tel sentiment de sécurité ici que je ne fais plus attention à rien .( sauf au vélo, c'est dangereux un vélo dans ce pays ). Je ne ressent plus de peur .Il y a aussi cette culture de l'encouragement, du don du meilleur de soi même. On nous noie de " gambatte" (= courage , fait de ton mieux) c'est très valorisant, ça nous donne envie de nous surpasser. Autre chose d'extrêmement raffiné, la façon qu'ils ont de sublimer une chose banale au point d'en faire presque de l'art. La nourriture, les fleurs, les kimono, le thé ... ce n'est pas qu'un folklore, c'est une réalité qui se retrouve en toute chose. Ce soucis du détail est troublant.

Aujourd'hui j'ai eu envie d'être honnête, envers vous et envers moi. Je me suis longtemps voilée la face parce que je ne voulais surtout pas mettre en péril la qualité de mon aventure. Je fais partie de cette catégorie d'étranger dit " amoureux du Japon " et pour qui il est vraiment difficile de critiquer objectivement une société pourtant légitimement imparfaite. Nous ne voulons pas y croire parce que ça remettrait en question toute une passion qui a fait battre nos cœurs d'otaku. Mais cette réalité je l'ai sous les yeux alors pourquoi continuer de nier ? J'aime toujours ma vie ici je ne sais pas ce que me réserve l'avenir mais une chose est sure ! Je profiterai de Tokyo jusqu'à l'overdose !:)

En l'honneur de cette émouvante commémoration je vous propose une petite rétrospective.
                                                  
                                                            TOP 5 des choses qui ont changé

1) L'alimentation :

   Quand j'ai quitté la France, j'étais végétalienne tout allait bien et ensuite ça a dégénéré.
Evidement quand on arrive dans un pays on a envie de tout gouter! Malgré ma volonté d'avoir une alimentation saine j'ai TOUT testé. Voilà.

   Mais il y a une autre raison à ce retour en arrière . Au Japon si vous avez des restrictions alimentaires, c'est le parcours du combattant. Les japonais considèrent la viande par exemple, comme une denrée luxueuse, en refuser serait un sacrilège. Sans compter les prix des fruits et légumes qui est exorbitant ( 2 euro la pomme, 7 euro le melon ...)
   Autre chose la mal bouffe est malgré tout omniprésente, ils peuvent remercier la génétique ces bougres! Fritures, riz bien gras, bouillons à l'huile, pancakes et autres gâteaux pleins de crèmes....
Avant d'hurler au scandale et à la diffamation je précise qu'il est vrai que l'alimentation japonaise est très saine à la base. SAUF QU'a moins d'avoir une grand mère sous la main pour vous en cuisiner tout les jours c'est difficile (d'autant plus quand on ne comprends pas la moitié de ce qui est proposé en super marché).
   Puis à force de vivre comme les japonais, apparaît un étrange phénomène.
Au bout d'un moment on en vient à s'extasier devant un bout de tofu. Ca rejoint ce que j'ai dit plus haut! L'art de sublimer ... Il est tellement mignon dans sa petite assiette flottant allègrement dans sa sauce soja! Un style épuré qui le rend exceptionnel.
2) L'apparence:

    Ne nous voilons pas la face, ici le physique ça compte, et peut être même bien plus que tout autre choses...d'abord le poids:
J'ai jamais été très grosse et même si je suis passée par plusieurs phases d'excès à Tokyo, j'ai maintenu un poids en dessous de 60kg. Aujourd'hui je pèse 54kg et suis satisfaite de mon corps. Mais la société et mon copain considèrent que je suis toujours en sur poids ... Ici les femmes doivent peser moins de 50kg .(la moyenne est plus autours de 45kg ). J'essaye de ne pas tomber dans les travers des troubles alimentaires car ici je vous assure que j'ai vu plus d'occidentales anorexiques que dans toute ma vie en France ...Les japonais ne comprennent pas qu'entre l'Asie et l'occident il y a une différence de morphologie. Mais rassurez-vous, comme partout il y a des hommes qui aiment les formes ^^

Les femmes ont beaucoup de pression pour atteindre la perfection en permanence. Faux cils, lentilles grossissantes, patch autocollant pour former un bourrelet sous l'œil, perruque, faux ongles, soutiens gorge ultra rembourré, talons de 18cm...Un jour un japonais m'avait dit que quand on s'endort avec un fille japonaise on a une chance sur deux de se réveiller avec une autre...
Beaucoup d'occidentales s'identifient à ça est veulent leur ressembler. J'ai fais le choix de n'utiliser aucun des artifices cités ci-dessus. Je soigne mon maquillage, je vernis mes ongles mais ça s'arrête là.
Je pense que les japonais apprécient les gaijin parce qu'elles sont plus naturelles...

Pour ce qui est du look, forcément les codes vestimentaires sont différents alors je m'adapte. Ce qui a changé c'est que je ne porte que des jupes ou des robes, comme beaucoup de japonaises, parce que personne ne nous fait de remarque, nous juges et que nous ne nous sentons pas en danger. Ici porter une jupe courte est beaucoup moins vulgaire qu'un décolleté! Au japon les femmes cachent leur poitrine et couvrent légèrement leurs épaules, mais exhibent leurs jambes.
Il m'arrive aussi de porter des chaussettes dans mes escarpins ou sandales comme le veut l'usage .

3) Les langues :

     Quand je suis arrivée en septembre, je parlais deux mots de japonais et 3 d'anglais.
Aujourd'hui je parle couramment la première et je me débrouille dans la deuxième. Chaque jours je parle français avec mon amie Morgane, anglais avec notre classmate allemande Blanka , japonais dans la vie et anglonais avec mon copain. J'ai appris à switcher d'une langue à l'autre en une seconde mais parfois mon cerveau à du mal à suivre. Et je me retrouve à répondre en français à K. à parler franglais avec Morgane et japonais avec Blanka ....Je ne trouve plus mes mots dans ma langue maternelle, bafouille et invente des expressions qui me semble pourtant cohérentes puisqu'elles le sont dans les autres langues.

Mais le fait de pratiquer ce trois langues au quotidien m'a aidé à acquérir une certaine intuitions du langage qui me permet de comprendre sans me poser la question de savoir de quelle langue il s'agit. Et je dois dire que ça ne finis pas de m'émerveiller quand pendant une soirée interculturelle on communique dans plusieurs langues, le japonais pour complimenter et donner son avis, le français pour expliquer, l'anglais pour débattre. On apprends énormément des autres étrangers bi ou trilingue, par le choix des mots qu'ils emploient, parce que par notre proximité culturelle ça nous parle souvent bien plus.

4) La proximité:

       Inutiles de préciser que si vous faite la bise à un japonais qui ne sera pas avertie de nos coutumes lointaines, il prendra ça pour une agression sexuelle. Pas de bise, de poignée de mains, de câlins en public. On ne se touche pas !
Je trouve ça respectable SAUF quand ça concerne le couple. J'ai eu le malheur de tomber sur un japonais beaucoup trop japonais ! Histoire d'illustrer je vais vous raconter deux anecdotes :

La première se passe dans une petite rue de banlieue, quand K. et moi devions nous séparer après un dîner romantique au restaurant, il recule gêné et me fait un signe de la main accompagné d'un 'bye"
Comme je connais trop bien ce geste, je lui fais remarquer qu'il n'y a personne dans la rue, qu'il peut me faire un bisou.  Il ouvre de grands yeux terrifié de si peu de précaution de ma part " Et les voitures qui passent ! elles peuvent nous voir"....

La seconde est une espièglerie de ma part. Nous descendions tranquillement l'escalator, immobile quand je profite d'un moment d'égarement pour lui voler un bisous sur la joue. D'un recul inhumain il esquive mon attaque tel un ninja, se retourne étourdit, me regarde, bafouille, essaye de m'engouler mais le malheureux est sans voix à cause du choc, il descend le reste des marches et va s'appuyer la tête contre un mur pour attendre que sa vie ai finit de défiler sous ses yeux ....

Bref, je suis en manque d'affection, quelqu'un pour me faire un calin ? T.T

5) Les transports en commun :

En France je n'avais pas de permis, je vous rassure je ne l'ai toujours pas ...
Le plus souvent je me déplaçait en bus. A Tokyo j'ai découvert la magie des trains ! le réseaux ferroviaire est vraiment bien développé. Ainsi comme tout les japonais je prends le métro au minimum 2 fois par jour. A la différence, au Japon les stations comme les trains sont très propre, et d'un calme religieux ... les nippons sont tous sur leurs téléphones et quand ce n'est pas le cas ils s'endorment sur l'épaule de leur voisin.

Comme le métro bondé n'est pas une légende , j'ai développé certaines techniques de survie... Déjà ne jamais se retrouver au milieux , je veux dire dans l'espace entre les deux portes... c'est là qu'il y a un risque d'asphyxie. Alors le plus souvent je me débrouille pour passer sur un coté, d'ailleurs si un chanceux assis se lève, c'est la personne debout en face qui prendra sa place ...il y a des règles!

Si par malheur je suis coincée dans la zone à risque, il y a peu de chance de pouvoir se tenir quelque part, alors la seule solution c'est la technique du surfeur... on plie légèrement les genoux et on serre les abdos pour contrebalancer les accélérations! Je suis passée maitre en la matière ! Mais parfois la foule fait bloc et on est tellement serrés qu'on ne peut même plus tomber ...

La dernière technique n'en ai pas vraiment une mais je la partage quand même ... Pour faire passer le trajet plus vite rien de tel que d'échanger des regards avec un beau gosse! Mais comme je ne me contente pas de si peu, je repère sur le quai un mec potable, je me place derrière lui et je laisse la magie de la foule qui pousse opérer ... Et voila je suis plaquée contre lui ! mince alors ;)
Bah quoi ! Je vous ai expliqué plus haut ! Je suis en manque de contacts humains !

Je m'arrête la pour aujourd'hui, j'ai adoré écrire ce petit "hors série", j'espère qu'il vous aura plu :)
Dans le prochain article, mon expédition dans la ville de Nikko et mon expérience dans auberge traditionnelle (ryokan).

Bisous bisous :)







1 commentaire:

  1. Ton article est très bien écrit, objectif et non dénué d'humour....ce qui montre que tu vas bien .Ca rassure le papa que je suis ! Gambatte ma fille ... Gambatte !

    RépondreSupprimer